« Un seul héros les peuples ».

Un seul héros le peuple raconte d’abord l’histoire d’un soulèvement populaire victorieux. En 1960, face à une répression militarisée, les classes populaires algériennes, avec parfois en première ligne des femmes et des enfants, surgissent depuis les bidonvilles et les quartiers ségrégués. Ce soulèvement du peuple algérien mettra en échec la contre-insurrection et bouleversera l’ordre colonial.

A gauche de l’affiche, une photo prise sur la place Maurice-Audin à Alger le jour de l’indépendance algérienne le 5 juillet 1962 ; anciennement place du Maréchal Lyautey.

Maurice Audin, militant de l’indépendance algérienne fait partie des personnes torturées et exécutées par des militaires français durant la répression d’Alger (le terme de « bataille d’Alger », vu la nature des évènements, a été à juste titre dénoncé par l’historienne Sylvie Thénault : lire notamment : « Les ratonnades d’Alger 1956, Sylvie Thénault, Seuil, 2022). Enlevé dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, le nom de Maurice Audin a été prêté au projet 1000autres.org qui sort les milliers de personnes – enlevées, détenues clandestinement, torturées et parfois assassinés par l’armée française – de l’anonymat dans lequel elles étaient maintenues depuis trop d’années.

On entend parfois que la colonisation n’est qu’une vieille affaire du passé. Mais elle charrie avec elle deux enfants : sa petite-fille, l’immigration, et son (grand) petit-fils, les discriminations.

Produits suisses locaux issus des bouleversements de ce monde et des mouvements post-coloniaux, nous sommes portereuses de cette histoire. Et lorsque nous nous retrouvons à Genève dans cette institution que sont les Bains des Pâquis (à droite de l’affiche) force est de penser à ces personnes qui, 60 ans plus tôt, arrachèrent leur liberté en proclamant leur droit à l’égalité.

Le 18 mars 1962, sur une autre rive du Lac Léman, près de la frontière suisse, furent signés les accords d’Evian qui changèrent le destin de tout un peuple et avec celui-ci l’histoire des décolonisations. Cette histoire nous est commune dès lors que peuple suisse apporta son soutien et sa solidarité au peuple algérien en lutte pour son indépendance. Dans un monde marqué par la guerre et ses déchirements, le seul slogan qui vaille doit être pensé démilitarisé et au pluriel : un seul héros les peuples. Pour une Genève multiculturelle.

©Affiche du festival réalisée par Sebastian Gross